Depuis des siècles, la pleine Lune occupe une place particulière dans l’imaginaire collectif. Tantôt source de fascination, tantôt coupable désignée de nos nuits blanches, elle intrigue toujours autant. De nombreuses personnes affirment dormir moins bien lors de la pleine Lune. Est-ce une coïncidence, une croyance sans fondement, ou bien un phénomène réel que la science commence à expliquer ?
Une influence ancestrale… ou imaginaire ?
La Lune a toujours été entourée de mystères. Dans de nombreuses cultures, elle est associée aux émotions, à la fertilité, aux comportements irrationnels et bien sûr, au sommeil. Le mot « lunatique » vient d’ailleurs de l’idée selon laquelle la Lune pouvait influencer l’humeur et la santé mentale. Encore aujourd’hui, certains professionnels de santé ou personnels de garde affirment vivre plus d’agitation ou d’incidents les nuits de pleine Lune. Mais si ces impressions persistent, c’est peut-être moins à cause d’un effet direct de l’astre que de notre tendance à chercher des explications aux nuits agitées.
Ce que dit la science sur le lien entre Lune et sommeil
Plusieurs études ont tenté de démêler le vrai du faux. Une recherche menée en 2013 en Suisse a montré que les participants mettaient plus de temps à s’endormir, dormaient en moyenne 20 minutes de moins, et avaient un sommeil profond réduit de 30 % lors des nuits de pleine Lune. Ces résultats ont fait grand bruit, car les volontaires étaient isolés de toute information extérieure : ils ne savaient même pas qu’on étudiait les effets du cycle lunaire. Cela pourrait donc laisser penser à une réelle influence physiologique.
Toutefois, d’autres études de plus grande ampleur n’ont pas réussi à reproduire ces résultats. En 2021, une analyse basée sur plus de 7 000 nuits de sommeil n’a pas trouvé de lien significatif entre la phase lunaire et la qualité du repos. Les chercheurs restent divisés, certains évoquant des différences individuelles, d’autres soulignant les biais statistiques possibles.
Et si c’était dans notre tête ?
Il est aussi possible que ce que nous vivons soit un effet nocebo, c’est-à-dire que le fait de croire que la pleine Lune perturbe notre sommeil suffise à le troubler. Si l’on s’attend à mal dormir, on devient plus attentif à la moindre perturbation. Le mythe devient alors auto-réalisateur. Ajoutons à cela la lumière de la Lune, qui est plus forte durant cette phase. Sans volets occultants, elle peut stimuler nos yeux même fermés, réduire la production de mélatonine (l’hormone du sommeil), et ainsi nuire à notre endormissement ou provoquer des réveils nocturnes. Ces facteurs indirects peuvent suffire à expliquer les troubles observés.

Un effet réel, mais marginal
En définitive, la pleine Lune semble avoir un effet modeste sur le sommeil, et encore, pas chez tout le monde. Certaines personnes plus sensibles, en particulier celles qui dorment dans des environnements lumineux ou qui souffrent déjà de troubles du sommeil, peuvent en ressentir davantage les conséquences. Pour le reste de la population, il est probable que l’influence lunaire soit largement exagérée. Cela dit, si vous vous sentez concerné, il existe des solutions simples : des rideaux opaques, une routine du coucher apaisante, et une certaine prise de recul face aux cycles lunaires.
La science n’a pas encore tranché définitivement, mais une chose est sûre : tant qu’elle brillera dans le ciel, la pleine Lune continuera d’alimenter notre imaginaire… et parfois, nos insomnies.